Le chancelier allemand Otto von Bismarck (1815-1898) a mis en œuvre au sein de l'Empire allemand, à la fin du XIXe siècle, un système de protection sociale contre les risques maladie (1883), les accidents du travail (1884), la vieillesse et l'invalidité (1889). Il est ainsi devenu une figure emblématique de la protection sociale.
Les motivations à l'origine de l'adoption du système bismarckien sont éminemment politiques. Elles résident dans le souci de juguler les mouvements syndicaux et socialistes en améliorant les conditions de vie du prolétariat ouvrier. Ce système s'appuie sur des logiques que l'on retrouve aujourd'hui dans de nombreux systèmes de protection sociale.
Plusieurs principes sous-tendent ce modèle :
- une protection fondée uniquement sur le travail et sur la capacité des individus à s'ouvrir des droits grâce à leur activité professionnelle ;
- une protection obligatoire ;
- une protection reposant sur une participation financière des ouvriers et des employeurs qui prend la forme de cotisations sociales ;
- des cotisations qui ne sont pas proportionnelles aux risques (comme dans la logique assurantielle pure) mais aux salaires. On parle ainsi de "socialisation du risque" ;
- une protection gérée par les salariés et les employeurs.
En 1942, à la demande du Gouvernement britannique, l’économiste William Beveridge (1879-1963) rédige un rapport sur le système d’assurance maladie. Il constate tout d'abord que celui-ci s’est développé sans réelle cohérence. Puis il propose de le refonder sur plusieurs principes, qui deviendront les caractéristiques du système dit "beveridgien" (les trois premiers étant connus sous le nom des "trois U") :
- universalité de la protection sociale par la couverture de l'ensemble de la population (ouverture de droits individuels) et de tous les risques ;
- uniformité des prestations fondée sur les besoins des individus et non sur leurs pertes de revenus en cas de survenue d’un risque ;
- unité de gestion étatique, par le biais d’une assurance nationale financée par l’impôt ;
- financement reposant sur l’impôt.
La Sécurité sociale française se distingue par un système mixte qui emprunte des éléments aux deux modèles.