Quelles réformes des retraites de 1993 à 2023 ?

Protection sociale

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L’essentiel

Le système de retraite a fait l'objet de nombreuses réformes ces 30 dernières années. Ces réformes vont dans le sens :

  • d'un allongement de la durée de cotisation et de nouveaux modes de calcul des pensions (avec un mécanisme de décote et de surcote) ;
  • d'un report de l'âge légal de départ à la retraite ;
  • d'une valorisation des carrières longues avec un dispositif de départs anticipés.

 

En détail

Les six réformes du système de retraite qui ont eu lieu depuis 1993 sont : 

  • la loi du 22 juillet 1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale. Elle modifie les conditions d’accès à la retraite des assurés du régime général et assimilés ("réforme Balladur") ;
  • la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites, qui rapproche les règles applicables à la fonction publique de celles du secteur privé. Elle crée également un mécanisme de surcote et de décote avec un dispositif de départ anticipé pour les carrières longues ("loi Fillon") ;
  • la réforme des régimes spéciaux en 2008 ;
  • la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites, qui fixe l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans et celui de la liquidation à taux plein à 67 ans ("réforme Woerth") ;
  • le décret du 2 juillet 2012 relatif au départ à la retraite à 60 ans ;
  • la loi du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système de retraites. Elle inscrit le principe de l'allongement au fil des générations de la durée de cotisation. Cette durée est fixée à 43 ans pour les assurés nés à partir de 1973 ("réforme Touraine") ;
  • la loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 reporte l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans d'ici 2030, la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d'une retraite à taux plein est allongée à 43 ans en 2027.

Le projet de réforme porté par Édouard Philippe en 2019 prévoyait le passage à un système universel de retraite par points. Vivement contesté à la veille de la crise sanitaire, il a été abandonné dans ce contexte. 

Ces réformes ont joué sur les différents paramètres possibles (âge de départ en retraite, durée de cotisation, montant de pensions), ce qui a eu un impact direct sur le solde des régimes et leur situation financière.

Les mesures prises depuis les années 1990 vont dans le sens d'un durcissement des règles et des modalités d’attribution des pensions de retraite à taux plein. 

Les leviers utilisés sont : 

  • la modification du mode de calcul des pensions de retraite. Par exemple, calcul sur les 25 meilleures années pour les salariés du privé, indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires... ;
  • l'allongement de la durée d’activité pour pouvoir bénéficier d’une pension à taux plein. Alors qu’il fallait 37,5 ans de cotisations en 1993, 43 ans seront nécessaires d’ici 2027 (pour les assurés nés en 1965), dans le cadre de la législation issue de la réforme de 2023 ; 
  • la hausse de l'âge légal de départ à la retraite : il est passé, pour l’ouverture des droits, de 60 à 62 ans puis va passer de 62 à 64 ans. L'âge, pour l’obtention automatique du taux plein, est passé de 65 à 67 ans ; 
  • l'instauration de mécanismes de décote et de surcote pour inciter à travailler plus longtemps. Le cumul emploi/retraite a été promu.

Parallèlement, des mesures ont été prises à l'égard des personnes ayant commencé à travailler très jeunes ou exerçant une profession pénible.

En vidéo

  • En 1945, le système de retraite se structure autour de deux grands principes : répartition et solidarité.
  • Après trois décennies de croissance, les années 1970 sont marquées par les crises économiques.
  • En 1983, la majorité socialiste adopte une mesure sociale : l’abaissement de l’âge légal de la retraite de 65 à 60 ans.
  • En 1991, le Livre blanc sur les retraites interroge cette mesure, pointant les déséquilibres démographiques et financiers.
  • Ce rapport inspire la 1ère grande réforme de 1993.
  • La durée de cotisation des salariés du secteur privé passe de 37,5 ans à 40 ans.
  • Le salaire de référence est calculé sur les 25 meilleures années.
  • En 2003, les règles applicables à la fonction publique se rapprochent de celles du secteur privé.
  • Un mécanisme de décote et surcote est créé pour inciter à travailler plus longtemps.
  • Un dispositif de départ anticipé pour les carrières longues est mis en place.
  • En 2010, l’âge légal de départ à la retraite passe de 60 à 62 ans, celui de la liquidation à taux plein de 65 à 67 ans.
  • En 2014, la loi inscrit le principe de l’allongement de la durée de cotisation au fil des générations.
  • Un compte pénibilité est créé pour les travailleurs exposés à des facteurs de pénibilité pendant leur carrière.
  • En 2023, une nouvelle loi prévoit le relèvement progressif de l’âge légal à 64 ans.
  • La durée de cotisation est fixée à 43 ans pour les assurés nés à partir de 1965.

Podcast

Comment fonctionne le système de retraite en France ?

16 janvier 2023   - Temps de lecture  3 min

Bonjour à tous, je suis Guillemette, rédactrice pour le site Vie-publique.fr et je vais aujourd’hui vous expliquer comment fonctionne le système de retraite en France.

  • Tout d’abord, qu’est-ce que la retraite ?

    En économie, la retraite désigne la période à partir de laquelle une personne met un terme à son activité professionnelle et qu’elle ne cherche plus à exercer un emploi (à la différence des chômeurs). Dans de nombreux pays comme la France, la retraite désigne aussi la pension perçue par les retraités. Cette rémunération est considérée comme un droit obtenu au titre d’un certain nombre d’années travaillées.

  • Quels sont les principes sur lesquels repose le système de retraite français ?

    Le système français obéit à deux principes :

    • Premièrement, un principe de contributivité, selon lequel un retraité reçoit une pension calculée sur la base des revenus de son activité antérieure, donc des cotisations qu’il a versées tout au long de sa vie active.
    • Deuxièmement, un principe de redistribution qui permet aux personnes ayant connu des périodes de perte involontaire d’emploi (maladie, chômage…) de bénéficier d’avantages de retraite non contributifs, c’est-à-dire sans versement de cotisations.
  • Le système de retraite français donne lieu également à deux formes de solidarité : quelles sont-elles ?

    • Tout d’abord, une solidarité intergénérationnelle entre actifs et retraités, les cotisations des actifs permettant de financer la pension des retraités.
    • Ensuite une solidarité fondée sur des critères socioprofessionnels, ce qui explique l’existence de plusieurs régimes : le régime général, la mutualité sociale agricole (MSA), les régimes spéciaux et enfin, la sécurité sociale des indépendants, intégrée au régime général en 2018.

    À la différence d’un système par capitalisation (qui fonctionnerait uniquement sur l’épargne individuelle), le système de retraite français est fondé sur la répartition. Cette double solidarité, doit permettre à tous les affiliés, quel que soit leur niveau de ressource, d’avoir accès à un revenu minimum une fois à la retraite.

  • Alors comment le système est-il financé ?

    Le financement repose en fait sur trois piliers :

    • Des cotisations (dont je viens de vous parler)
    • Des recettes fiscales (impôts et taxes)
    • Et enfin, des transferts de compensation selon les évolutions démographiques et économiques du pays à moyen et long terme.

    Créé en 2000, le Conseil d’orientation des retraites est chargé d’analyser les perspectives de financement du système de retraite français. D’après son rapport de 2021, les dépenses de retraite s’élèvent en France à 345 milliards d’euros environ (soit près de 14% du produit intérieur brut (le PIB).

    Depuis les années 1970, le système de retraite a fait en France l’objet de nombreuses réformes (report de l’âge légal de départ à la retraite, allongement de la durée de cotisation, suppression de certains régimes spéciaux…). Critiquée pour son coût, cette « spécificité française » participe cependant du faible taux de pauvreté des plus de 66 ans (estimé à 4 % en France contre 13 % en moyenne dans l’OCDE).

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