À quoi sert le référendum sous la Ve République ?

Citoyenneté

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L’essentiel

Le référendum est une procédure de vote permettant de consulter directement les citoyens sur une question ou un texte. Le plus souvent, les électeurs ont à répondre par "oui" ou "non".

En détail

Le référendum est une procédure de vote permettant de consulter directement les électeurs sur une question ou sur un texte qui sera adopté en cas de réponse positive.

La Constitution de 1958 prévoit quatre cas de référendum :

  • pour l’adoption d’un projet de loi ou d'une proposition de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent (art. 11 de la Constitution) ;
  • pour l’adoption d’un projet de loi tendant à autoriser la ratification d’un traité (art. 11) ;
  • pour réviser la Constitution (art. 89). Toutefois, une révision constitutionnelle, même approuvée par référendum, ne peut pas porter sur "la forme républicaine du gouvernement" ;
  • au niveau local, pour soumettre à la décision des électeurs d’une collectivité territoriale, un projet d’acte relevant de sa compétence (art. 72-1).

On considère que le référendum est un instrument de démocratie directe car il permet au peuple d’intervenir directement dans la conduite de certains domaines de la politique nationale ou locale. Aujourd'hui, beaucoup d’observateurs proposent de recourir davantage au référendum, notamment pour faire évoluer certains secteurs de la vie sociale difficiles à réformer.

Le référendum national, tout en gardant son objet principal, peut cependant être détourné et servir à consacrer la légitimité du président de la République et de sa majorité. On glisse alors vers le plébiscite. On parle de plébiscite lorsque la question posée peut être utilisée à d’autres fins par son auteur, notamment en cas de forte personnalisation du pouvoir pour renforcer sa légitimité, parfois pour contraindre un Parlement réticent. Le général de Gaulle a utilisé le référendum en ce sens. Aussi, quand en 1969 les citoyens rejettent sa proposition de réforme du Sénat et de régionalisation, il a aussitôt démissionné de ses fonctions.

Toutefois, les successeurs du général de Gaulle n’ont pas emprunté cette voie. Ni François Mitterrand (en septembre 1992 pour le traité de Maastricht), ni Jacques Chirac (en septembre 2000, pour le quinquennat, et en mai 2005, pour le projet de constitution européenne) n’ont lié la poursuite de leur mandat au résultat de la procédure référendaire qu’ils avaient initiée.

En vidéo

  • Vie publique vous explique le référendum prévu à l’article 11 de la Constitution.
  • Un référendum vise à demander directement aux citoyens de se prononcer sur un texte ou sur une question.
  • L’article 11 de la Constitution de 1958 permet d’organiser des référendums législatifs sur un projet de loi.
  • Qui décide de l’organisation d’un référendum législatif ?
  • Le président de la République porte cette décision.
  • Mais cette initiative doit reposer sur une proposition du gouvernement ou bien sur une proposition conjointe de l’Assemblée nationale et du Sénat.
  • Quels projets de loi peuvent-être soumis au référendum législatif ?
  • Le texte soumis au référendum peut porter sur :
  • L'organisation des pouvoirs publics.
  • Des réformes sur la politique économique, sociale ou environnementale et aux services publics concernés.
  • L’autorisation de ratifier un traité international.
  • En faveur de quels sujets les électeurs se sont-ils prononcés depuis 1958 ?
  • L'autodétermination en l'Algérie en 1961 et les accords d'Evian en 1962.
  • L’élection du président de la République au suffrage universel direct, également en 1962.
  • Ce référendum a fait l’objet de vifs débats car il s'agissait d'une révision constitutionnelle. Or ces révisions relèvent en principe de l'article 89 de la Constitution.
  • L'adhésion de nouveaux États à la Communauté européenne, comme cela a été le cas pour le Royaume-Uni.
  • Le statut de la Nouvelle-Calédonie en 1988.
  • Ou encore la ratification du "traité de Maastricht" sur l’Union européenne en 1992.
  • Sur quels sujets le "non" l’a-t-il emporté ?
  • Le projet de régionalisation et de réforme du Sénat en 1969, porté par le président de la République, Charles de Gaulle.
  • Le traité pour établir une Constitution européenne, rejeté en 2005.
  • L’article 11 prévoit-il d’autres formes de référendums ?
  • Le référendum d’initiative partagé, qu’on appelle le RIP, est entré en vigueur en 2015.
  • Le RIP permet à des parlementaires, députés ou sénateurs, de provoquer un référendum. 
  • Le RIP porte sur les mêmes domaines que le référendum législatif, hors ratification de traités internationaux.
  • Les parlementaires doivent pour cela obtenir le soutien de 10% du corps électoral, soit environ 4,8 millions de personnes.

Podcast

Qu'est-ce qu'un référendum ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site Vie-publique, et je vais vous expliquer ce qu’est un référendum.

Un référendum est un vote qui est organisé à l’échelle locale ou nationale pour que les électeurs répondent par oui ou par non à une question qui leur posée de manière exceptionnelle. Il existe quatre types de référendum : le référendum législatif, le référendum constituant, le référendum local et le référendum d’initiative partagée.

  • Alors commençons par le référendum législatif ?

    Prévu à l’article 11 de la Constitution de 1958, le référendum législatif est organisé à l'initiative du président de la République, sur proposition du Gouvernement ou sur proposition conjointe de l'Assemblée nationale et du Sénat.

    Le texte soumis au référendum peut porter sur l’organisation des pouvoirs publics, sur l’autorisation de ratifier un traité international ou sur les réformes affectant la politique économique, sociale ou environnementale de la Nation.

    Ce type de référendum a été utilisé, par exemple en 1992, pour la ratification du traité de Maastricht sur l'Union européenne.

  • Deuxième type de référendum : le référendum constituant

    Prévu à l’article 89 de la Constitution de 1958, le référendum constituant permet la révision de la Constitution. La révision constitutionnelle peut être initiée par le président de la République sur proposition du Premier ministre, il s’agit alors d’un projet de révision, ou par le Parlement, dans ce cas, c’est une proposition de révision.

    Attention le référendum n'est pas obligatoire pour les projets de révision constitutionnelle.

    Ainsi, en cas de projet de loi constitutionnelle, le président de la République peut écarter le référendum et soumettre directement le texte à l'approbation du Parlement.

    En revanche, en cas de proposition de loi constitutionnelle, le recours au référendum est obligatoire.

  • Longtemps, le référendum n’a été organisé qu’à l’échelle nationale mais depuis 2003 un référendum peut être local. Alors en quoi consiste le référendum local ?

    Ce type de référendum est ouvert à toutes les collectivités territoriales depuis la révision constitutionnelle du 28 mars 2003.

    Le référendum local permet aux électeurs de se substituer à l'assemblée délibérante d'une collectivité territoriale (le conseil municipal par exemple) pour prendre une décision sur un sujet lié à la politique locale.

    L'exécutif local (le maire par exemple) est seul compétent pour proposer à l'assemblée délibérante l'organisation d'un référendum local.

  • Enfin, depuis 2008, il existe un nouveau type de référendum : le référendum d’initiative partagée

    Introduit par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, le référendum d'initiative partagée (RIP) peut être lancé si une proposition de loi recueille le soutien d'un cinquième des membres du Parlement et d'un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales.

    Le RIP ne doit pas être confondu avec le référendum d'initiative populaire ou citoyenne. Seul le premier existe en France, le second faisant partie des revendications de mouvements citoyens (tels que celui des gilets jaunes en 2018).

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