L’Union économique et monétaire (UEM) souffre d’une faiblesse originelle : à l’unicité du pôle monétaire s’oppose la pluralité du pôle économique. Deux mesures ont tenté de la doter d'une sorte de gouvernance économique et d'une convergence renforcée.
Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) a été adopté en 1997, dans l'objectif de maintenir les règles de Maastricht en termes de finances publiques. Suspendu par la Commission européenne en mars 2020 pour faire face à la crise provoquée par le Covid-19, il est de nouveau en vigueur depuis le 30 avril 2024, dans une version revisitée.
L’Eurogroupe est une réunion des ministres des finances de la zone euro. D'abord informelle, elle a fini par être institutionnalisée par le traité de Lisbonne. L'Eurogroupe permet d’améliorer la coordination des politiques économiques, mais pas d’adopter une politique économique commune, encore moins unique. Malgré l’élection d’un président stable depuis 2005 (Paschal Donohoe occupe ce poste depuis le 9 juillet 2020), cette instance n’est pas parvenue à incarner un véritable pouvoir politique face à la Banque centrale européenne (BCE).
Contrairement aux zones monétaires, la zone euro n'a pas de budget. Aux États-Unis, par exemple, l’hétérogénéité économique des États fédérés est compensée par l’existence d’un gouvernement qui fait face à la FED (banque centrale américaine) et d’un budget fédéral redistributif. La zone euro est dotée d’une monnaie et d’une politique monétaire pour 20 politiques économiques, 20 gouvernements et 20 budgets nationaux, ce qui la fragilise, indépendamment du contexte de crise.
Le débat sur la nécessité d’instaurer un gouvernement économique occupe depuis nombre d'années les cercles politiques et économiques en Europe. Le plan de relance NextGeneration EU pour faire face à la crise sanitaire due à la Covid-19, qui prévoit 750 milliards d'euros en plus du budget de l'UE de 1074 milliards d'euros, va cependant dans le sens d’un budget plus important, permettant une redistribution plus ambitieuse.
De nouveaux instruments et organes ont vu le jour à la suite de la crise des subprimes de 2007, dans le sens d'une forme de gouvernance économique au niveau de l'UE.
Le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), signé en 2012, impose aux États membres de l'UE la réduction de leur déficit structurel (entre 0,5 et 1% du PIB selon leur dette publique). Une nouvelle version du pacte de stabilité, le "Six pack", prévoit qu'en cas de déficit excessif, des sanctions automatiques seront encourues, à moins qu’une majorité d’États ne s’y oppose.
En plus de l’Eurogroupe, des sommets de la zone euro, réunissant les chefs d’État et de gouvernement des États membres de la zone euro, se tiennent au minimum deux fois par an en vertu du TSCG.
En outre, un Mécanisme européen de stabilité (MES) a été institué. Organisation intergouvernementale relevant du droit international, fondée sur un traité signé le 2 février 2012, il a pour but de garantir la stabilité de la zone en fournissant une assistance aux pays en situation financière instable.