La décision de créer une monnaie unique relève en grande partie de la logique du spillover (engrenage) mise en avant par Jean Monnet dès le début de la construction européenne. Elle répond également à l’espoir des plus favorables à la construction européenne que cette union monétaire entraînera à terme une union politique.
La création de la monnaie unique contribue à approfondir l’intégration européenne en transférant un élément essentiel de la souveraineté des États à l’Union européenne (UE). L’adoption de la monnaie unique ouvre la voie à un approfondissement de la coopération dans d’autres domaines. L’euro a d’ailleurs déjà conduit à une plus grande coordination des politiques économiques nationales.
Les étapes de la construction de l'union économique et monétaire (UEM)
En 1988, le Conseil européen annonce l'instauration d'une union économique et monétaire (UEM), traduction de l'intégration économique progressive de l'UE. L'UEM se met en place progressivement :
- du 1er juillet 1990 au 31 décembre 1993, la libre circulation des capitaux entre les États membres est mise en place ;
- à compter du 1er janvier 1994, les politiques économiques des États membres convergent, et la coopération entre les banques centrales nationales est renforcée ;
- c'est à compter du 1er janvier 1999 que l'UEM, et donc la création de la monnaie unique prévue par le traité de Maastricht (1992), est officiellement mise en place entre onze États membres (sur quinze à l'époque). Les pièces et billets en euros sont mis en circulation à compter du 1er janvier 2002.
L'Union européenne a instauré une monnaie unique pour plusieurs raisons d'ordre économique :
- lutter contre le coût des opérations de change, qui entravait largement la libre circulation sur le territoire de l’Union : étant donné l’importance du commerce intra-communautaire, le change alourdissait les coûts des entreprises et renchérissait les prix pour les consommateurs.
Dès lors, l’union économique et monétaire (UEM) est apparue comme le complément logique de l’achèvement du marché intérieur : la monnaie unique parachève le marché intérieur ; - mettre fin aux mouvements erratiques des monnaies nationales des pays de l’UE et protéger le marché intérieur. La fin du système de changes fixes au début des années 1970 a conduit à une forte instabilité monétaire. La déréglementation financière a par la suite facilité la spéculation sur les taux de change, avec pour conséquence des mouvements importants des monnaies européennes, pénalisant fortement les échanges et pesant sur le niveau des prix. Il s’agissait enfin de contrecarrer la puissance du dollar, seule monnaie véritablement internationale ;
- renforcer la compétitivité internationale des entreprises européennes en réduisant les coûts de leurs opérations transfrontières et en leur facilitant l’accès à un vaste marché de capitaux pour se financer.