1. Stéphanie : Pour ce dernier épisode, on retrouve Chloé, étudiante en science politique, qui va répondre à toutes nos questions sur ces deux sujets déterminants pour l’avenir de l’Europe. Commençons par la question environnementale, Chloé. Comment l’UE répond-elle au défi posé par le réchauffement climatique ?
Chloé :Vous avez sans doute entendu parler du Pacte vert pour l’Europe ou Green deal en anglais. C’est le vaste plan d’action environnemental adopté par l’UE notamment pour lutter contre le changement climatique au cours des 30 prochaines années. Concernant le climat, l’objectif est ambitieux puisqu’il s’agit d’atteindre la neutralité carbone au milieu du XXIe siècle.
[Intervention Stéphanie : la "neutralité carbone" cela veut dire que l’Europe n’émettra plus de carbone en 2050, c’est ça ?]
Chloé : Oui, Stéphanie, cela signifie que les émissions de gaz à effet de serre – les gaz responsables du réchauffement climatique - devront être nulles ou suffisamment faibles pour être absorbées par les puits de carbone comme les forêts ou les océans.
3. Stéphanie : Parmi toutes ces mesures, quelles sont les plus frappantes ?
Chloé : Citons notamment la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’UE, la fin de la vente des voitures thermiques en 2035 - c’est-à-dire les voitures à moteur à essence ou diesel -, le doublement de la part des énergies renouvelables (par exemple l’éolien ou le solaire) dans le total de la production énergétique pour l’amener à 40 % ou encore la création massive de puits de carbone naturels, comme les forêts, qui absorbent les émissions de gaz à effet de serre.
[Intervention Stéphanie : Chloé, qu’est-ce que l’UE attend des effets d’une taxe carbone à ses frontières ?]
Chloé : Ce mécanisme permettra de taxer les produits en provenance de pays où les normes environnementales sont moins exigeantes qu’en Europe. L’objectif de cette taxe est que les efforts climatiques et environnementaux de l’UE ne rendent pas les entreprises européennes moins compétitives sur les marchés internationaux par rapport aux entreprises du reste du monde. L’application des règles environnementales a en effet un coût pour les entreprises européennes qui se répercutent dans le prix des produits qu’elles fabriquent et exportent.
[Intervention Stéphanie : La fin des voitures thermiques en 2035 est une mesure particulièrement forte, n’est-ce pas ?]
Chloé : Oui c’est sûr et cette mesure sera celle dont l’impact sera le plus mesurable par les citoyens européens. En 2035, les véhicules neufs ne devraient plus émettre de dioxyde de carbone. Ce qui signifie que les voitures à moteur à essence ou diesel ne pourront plus être vendus. Seules les voitures électriques ou à hydrogène pourront être mise en circulation.
4. Stéphanie : Chloé, voilà pour le changement climatique. Parlez-nous maintenant des migrations. Pouvez-vous commencer par nous rappeler la différence entre un migrant et un demandeur d’asile ?
Chloé : C’est une distinction importante à faire. Les débats autour des migrations sont à l’origine de beaucoup de confusion. Or, il est fondamental de bien faire la différence entre les catégories de flux migratoires. Les migrants choisissent de quitter leur pays dans l’espoir de trouver ailleurs de meilleures conditions d’existence ou pour retrouver des membres de leur famille par exemple. Alors que les demandeurs d’asile cherchent à être accueillis dans un autre pays pour y être protégés car ils sont chez eux victimes de persécutions ou en danger, par exemple en raison d’un conflit armé dans leur pays.
Stéphanie : Quelle est la politique européenne en matière de migration et d’asile ?
Chloé : Depuis la fin des années 1990, l’UE est compétente en matière de migration et d’asile. La politique européenne dans ces domaines poursuit plusieurs objectifs : premièrement encadrer l’immigration légale (c’est-à-dire par exemple fixer des règles qui précisent à quelles conditions un migrant sera autorisé à rejoindre sa famille dans le cadre du regroupement familial), deuxièmement assurer une protection aux demandeurs d’asile et troisièmement lutter contre l’immigration clandestine.
[Intervention Stéphanie : Et c’est ce dernier objectif qui est le plus visible car il fait l’objet d’une importante couverture médiatique, n’est-ce pas, Chloé ?]
Chloé : Oui, Stéphanie, en raison notamment des conséquences dramatiques pour les migrants empruntant des filières d’immigration illégale au péril de leur vie. Que ce soit en tentant de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée ou le Royaume-Uni en traversant la Manche ou encore en essayant, comme récemment, de passer la frontière orientale de l’UE via la Biélorussie.
Stéphanie : Quels sont les moyens mis en œuvre par l’UE pour atteindre ces objectifs ?
Chloé : En raison de la libre circulation à l’intérieur de l’UE – en particulier au sein de l’espace Schengen -, les contrôles ne sont assurés qu’aux frontières extérieures de l’Europe par l’agence européenne de gardes-frontières, Frontex. C’est cette agence qui aide les États à contrôler l’immigration clandestine. Pour lutter contre l’immigration clandestine, les États passent également des accords pour faciliter le retour dans leur pays d’origine des personnes qui séjournent de façon irrégulière sur le territoire de l’UE. Enfin, il existe un dernier instrument : le règlement de Dublin, qui organise le traitement des demandes d’asile au sein de l’UE. Le principe qui a été institué est que chaque demande d’asile doit être traitée par le pays par lequel le demandeur d’asile est entré dans l’UE.
[Intervention Stéphanie : l’Union européenne doit également adopter un nouveau pacte européen sur la migration et l’asile, de quoi s’agit-il exactement ?]
Chloé : Les différentes crises migratoires qu’a connues l’Europe ont profondément divisé les États européens. Le nouveau pacte européen sur la migration et l’asile - si les États parviennent à se mettre d’accord sur l’ensemble des mesures prévues - a pour objectif d’apporter des réponses aux différends qui opposent les États membres sur ce sujet.
[6. Intervention Stéphanie : concrètement cette réponse devrait prendre quelle forme, Chloé ?]
Chloé : L’idée centrale du pacte est de renforcer la concertation et la coordination entre les États membres : ces derniers devront apporter des réponses communes en matière de politique migratoire, et se montrer plus solidaires, en particulier vis-à-vis des principaux pays par lesquels les migrants et les demandeurs d’asile arrivent dans l’UE comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne, en acceptant par exemple d’en accueillir davantage sur leur territoire. Cela nécessitera de réviser les règles en vigueur en matière d’examen des demandes d’asile.
[Intervention Stéphanie : Et en matière d’accueil des migrants, qu’est-ce qui est prévu dans ce nouveau pacte ?]
C’est un point très important du nouveau pacte. Les États devront faire preuve de plus de solidarité à l’égard des migrants et des demandeurs d’asile en améliorant l’accueil qui leur est réservé, en particulier leurs conditions de vie. Le pacte prévoit aussi un renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’UE et de la lutte contre l’immigration illégale. Il propose aussi des mesures pour lutter plus efficacement contre le trafic d’êtres humains et de décriminaliser les sauvetages en mer, qui sont actuellement considérés comme un facteur favorisant l’immigration illégale. Et enfin, une Agence européenne de l’asile devrait voir le jour.