Que signifie "plaider-coupable" ?

Justice

Temps de lecture  3 minutes

L’essentiel

  • La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) ou "plaider-coupable" est une procédure qui permet de juger rapidement l'auteur d'une infraction qui reconnaît sa culpabilité. Elle est appliquée pour certains délits à la demande du procureur de la République ou de l'auteur des faits. 
  • Le procureur propose une peine. Si la peine est acceptée par l'auteur des faits, l'affaire est transmise au juge pour homologation. La victime est informée de cette procédure.
  • Le plaider-coupable a été introduit en 2004 pour les petits délits mais concerne, depuis 2011, tous les délits, hors délits politiques, de presse et certaines atteintes graves aux personnes (atteintes à l'intégrité des personnes et agressions sexuelles punies de plus de cinq ans d'emprisonnement et homicides involontaires). 

En détail

D'origine anglo-saxonne, la procédure du plaider-coupable a été introduite en France par la loi du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité sous le nom de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Il s'agit d'une procédure visant à juger rapidement l'auteur d'un délit qui reconnaît sa culpabilité. Initialement réservée au jugement de petits délits, la CRPC concerne, depuis la loi du 13 décembre 2011, tous les délits dans le cas où le mis en cause, majeur au moment des faits, reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Sont cependant exclus :

  • les délits d'atteintes volontaires et involontaires à l'intégrité des personnes et d'agressions sexuelles lorsqu'ils sont punis par une peine d'emprisonnement de plus de cinq ans ;
  • les délits d'homicides involontaires ;
  • les délits de presse (diffamation, par exemple) ;
  • les délits politiques (participer à une manifestation non déclarée, par exemple).

Dans la pratique, cette procédure reste surtout utilisée pour traiter rapidement la masse des délits routiers comme le défaut d’assurance ou la conduite sous l'emprise d'un état alcoolique, ainsi que les délits simples, comme les petits vols.

La personne mise en cause est convoquée devant le procureur de la République (qui relève du parquet). Ce dernier peut proposer une ou plusieurs peines et/ou amendes après avoir vérifié que la personne mise en cause reconnaît être l'auteur des faits. 

La durée d'emprisonnement doit être inférieure à trois ans et elle ne peut pas dépasser la moitié de la peine encourue. Le montant de l'amende ne peut pas être supérieur à celui de l'amende encourue. 

Si cette proposition est acceptée par le prévenu, après une audience tenue obligatoirement en présence de son avocat, elle est soumise à un magistrat du siège qui peut, le cas échéant, l’homologuer par ordonnance au terme d’une audience publique.

En cas de refus de la proposition de peine par le prévenu ou en cas de refus d’homologation de la proposition par le magistrat du siège, le tribunal correctionnel (chargé de la répression des délits) est saisi et statue dans les conditions habituelles.

On peut rapprocher la CRPC de la convention judiciaire d'intérêt public (CJIP), créée par la loi du 9 décembre 2016, qui permet au procureur de la République de proposer à une personne morale mise en cause pour certains délits financiers de conclure une convention prévoyant, en échange de l'abandon des poursuites :

  • le versement d'une amende ;
  • la réparation du préjudice de la victime ;
  • la participation à une procédure de mise en conformité.

Contrairement à la CRPC : 

  • la conclusion d'une CJIP n'exige pas de reconnaissance de culpabilité ; 
  • la CJIP constitue une alternative aux poursuites pénales : elle ne débouche sur aucune condamnation et ne figure donc pas au casier judiciaire de la personne morale mise en cause.

Dans la même thématique