Quels sont les organes dirigeants du Conseil d'État ?

Justice

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L’essentiel

  • La présidence du Conseil d'État est assurée par un vice-président, qui dirige les assemblées du Conseil (assemblée générale et assemblée du contentieux) ainsi que le Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel. 
  • Pour assurer le fonctionnement de l'ordre administratif, le Conseil d'État est doté d'un secrétariat général et d'une mission d'inspection.

En détail

La présidence du Conseil d'État est assurée par le vice-président du Conseil d’État. Nommé par décret en Conseil des ministres, il dirige : 

  • les assemblées du Conseil d’État
    • l'assemblée du contentieux qui tranche les litiges complexes et importants, 
    • l'assemblée générale qui se réunit pour examiner les projets de texte gouvernementaux et parlementaires et les affaires soulevant des questions importantes. L'assemblée générale peut toutefois être présidée par le Premier ministre et, en son absence, par le garde des Sceaux (article L. 121-1 du code de justice administrative - CJA) ; 
  • l’ensemble de la juridiction administrative : tribunaux administratifs (TA), cours administratives d'appel (CAA), Cour nationale du droit d'asile (CNDA). À ce titre, le vice-président préside le Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel (art. L. 232-1 et s. du CJA).

Maintenue jusqu'à aujourd'hui, l’appellation "vice-président" est héritière de l’histoire

  • sous l’Ancien Régime, le chancelier remplaçait le roi pour présider le Conseil d’État ;
  • sous la IIIe République, un vice-président présidait le Conseil d’État en l’absence du garde des Sceaux ;
  • sous la IVe République, le vice-président présidait l’assemblée générale du Conseil d’État en l’absence du chef du Gouvernement et du garde des Sceaux.

Considéré comme le premier fonctionnaire de l’État, le vice-président est placé comme tel dans les cérémonies publiques. Dans l'ordre protocolaire, il est au premier rang des autorités civiles et militaires de l'État après les membres du Gouvernement, les présidents des assemblées parlementaires et le président du Conseil constitutionnel. Le vice-président du Conseil d'État présente traditionnellement les vœux de l’administration française au président de la République.

Le secrétariat général du Conseil d’État assure le bon fonctionnement de l'ordre administratif (Conseil d’État, TA, CAA et CNDA) : le Conseil d’État régit par son biais sa propre gestion, son budget et ses personnels. 

Nommé par décret du président de la République, le secrétaire général dirige sous l'autorité du vice-président les services du Conseil d’État et "prend les mesures nécessaires à la préparation de ses travaux, à leur organisation et à la gestion du corps des membres des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel" (art. R. 121-9 du CJA).

La mission d'inspection des juridictions administratives (art. L. 112-5 du CJA) assure une fonction de contrôle de l'organisation et du fonctionnement des juridictions. Exercée sous l’autorité directe du vice-président, elle assure plusieurs missions : 

  • inspection annuelle des juridictions ; 
  • diffusion des bonnes pratiques au sein des juridictions ;
  • traitement des demandes des parties pour durée excessive de procédure devant les juridictions.

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Quel est le rôle du Conseil d'État ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site vie-publique.fr, et je vais vous expliquer en quoi consiste le rôle du Conseil d’État.

Le Conseil d'État, créé en 1799, est à la fois une juridiction administrative et conseiller du Gouvernement. Juge des litiges entre l'administration et les administrés, il est aussi la plus haute autorité de l'ordre administratif.

  • Mais commençons d’abord par le rôle de juge administratif du Conseil d’État ?

    Le Conseil d’État est juge, en premier et dernier ressort, du contentieux électoral des élections européennes, des élections régionales et des élections des assemblées de certains territoires à statut particulier tel que la Corse ou la Polynésie française. Il l‘est aussi pour juger des recours contre les décrets, les ordonnances, actes réglementaires des ministres. Enfin, il se prononce sur les recours formés contre les décisions administratives prononcées par les principales autorités administratives indépendantes.

    Le Conseil d’État dispose également de compétences en tant que juge d’appel des décisions rendues par les tribunaux administratifs, par exemple en matière d’élections communales et départementales.

  • Par ailleurs, le Conseil d’État est juge de cassation… Alors en quoi consiste ce rôle ?

    Le Conseil d’État est la juridiction suprême de l’ordre administratif. Il peut être saisi d’un pourvoi en cassation. Il s’agit d’une voie de droit exceptionnelle par laquelle le Conseil d’État ne rejuge pas l’affaire mais vérifie la correcte application du droit par les juges du fond.

    Le Conseil d’État est juge de cassation :

    • des arrêts des cours administratives d’appel ;
    • des décisions des juridictions administratives spéciales ;
    • et pour juger des pourvois formés contre les jugements rendus, dans certaines matières, par les tribunaux administratifs statuant en premier et dernier ressort.
  • Le Conseil d’État est également conseiller du Gouvernement… Mais comment exerce-t-il cette compétence ?

    D’abord en examinant chaque année les projets de loi, d’ordonnance ou de décret pour vérifier leur régularité juridique et leur opportunité en termes d’action administrative. Puis en rendant un avis qui peut être soit :

    • obligatoire, pour les projets de loi et les ordonnances, ainsi que pour certains décrets ;
    • soit facultatif, à la demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.

    Le Conseil d’État peut aussi être consulté par le Gouvernement sur toute question et rendre un avis. Par exemple, en 1989, il a précisé la portée du principe de laïcité dans les établissements scolaires à la suite de l'affaire du “foulard islamique” et, en 2015, il s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du dispositif prévoyant la création d’un fichier judiciaire des auteurs d’infractions de terrorisme.

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