Le Conseil d'État, conseiller du gouvernement

Justice

Temps de lecture  3 minutes

Infographie Podcast

L’essentiel

  • Les projets de loi, d'ordonnance et de décret du Gouvernement sont soumis au Conseil d'État qui émet un avis consultatif : le Gouvernement n'est pas tenu de le suivre.
  • Depuis le 19 mars 2015, ces avis sont rendus publics (site Légifrance) dès que les projets de loi ont été délibérés en Conseil des ministres, et avant leur présentation devant l'Assemblée nationale. Certains avis font exception à cette règle. 

En détail

La saisine de la section consultative compétente du Conseil d'État est obligatoire :

  • sur tous les projets de loi (art. 39 de la Constitution) ;
  • sur les projets d’ordonnances (art. 38) ;
  • sur de nombreux textes réglementaires (décrets pour lesquels la saisine du Conseil est obligatoire). 

Elle est facultative pour les autres projets de texte. 

Un rapporteur, désigné par le président du Conseil d'État, élabore un avis au Gouvernement et propose une nouvelle rédaction du texte. L’avis du Conseil d’État est consultatif, ce qui signifie que le gouvernement a deux options : 

  • il peut reprendre le texte rédigé par le Conseil d’État ;
  • ou ne pas suivre l'avis du Conseil d'État et garder le texte présenté dans sa version initiale. 

Quelle que soit l'option choisie par le Gouvernement, cet avis permet d'examiner la régularité juridique du texte (notamment sa conformité avec la Constitution et le droit de l'Union européenne) et sa rédaction (clarté, cohérence, applicabilité...). Le Conseil d’État peut par ailleurs se prononcer sur l'opportunité du texte (cohérence avec d'autres textes juridiques, contexte financier de l'action publique...). 

Outre l'examen des projets de texte, le gouvernement peut saisir le Conseil d’État sur toute question posant difficulté. Le Conseil d’État peut également attirer de lui-même l'attention du Gouvernement sur les réformes qui lui paraissent conformes à l'intérêt général. 

Traditionnellement, les avis ne sont ni rendus publics, ni communicables aux personnes qui en font la demande car ils entrent dans la catégorie des documents administratifs dont la consultation ou la communication porteraient atteinte au secret des délibérations du gouvernement.

Toutefois, en application d’une décision orale du président de la République François Hollande, annoncée lors de la cérémonie de vœux aux corps constitués le 20 janvier 2015, les avis sur les projets de loi sont – depuis le 19 mars 2015 – intégralement rendus publics par le gouvernement sur le site Légifrance, dès lors que ces projets ont fait l'objet d'une délibération en Conseil des ministres. Le texte retenu par le Conseil d’État, quant à lui, n’est pas rendu public.

Par exception, cette nouvelle pratique ne s’applique pas aux avis relatifs : 

Le rapport d’activité annuel du Conseil d’État indique cependant la teneur de tous les avis rendus sur les projets de texte présentés par le gouvernement.

Par ailleurs, le site Consiliaweb donne accès aux textes intégraux des avis rendus publics, ainsi que de ceux rendus il y a plus de 25 ans. 

En image

  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.
Le Conseil d'État, conseiller du gouvernement - plus de détails dans le texte suivant l’infographie
  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.

Podcast

Quel est le rôle du Conseil d'État ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site vie-publique.fr, et je vais vous expliquer en quoi consiste le rôle du Conseil d’État.

Le Conseil d'État, créé en 1799, est à la fois une juridiction administrative et conseiller du Gouvernement. Juge des litiges entre l'administration et les administrés, il est aussi la plus haute autorité de l'ordre administratif.

  • Mais commençons d’abord par le rôle de juge administratif du Conseil d’État ?

    Le Conseil d’État est juge, en premier et dernier ressort, du contentieux électoral des élections européennes, des élections régionales et des élections des assemblées de certains territoires à statut particulier tel que la Corse ou la Polynésie française. Il l‘est aussi pour juger des recours contre les décrets, les ordonnances, actes réglementaires des ministres. Enfin, il se prononce sur les recours formés contre les décisions administratives prononcées par les principales autorités administratives indépendantes.

    Le Conseil d’État dispose également de compétences en tant que juge d’appel des décisions rendues par les tribunaux administratifs, par exemple en matière d’élections communales et départementales.

  • Par ailleurs, le Conseil d’État est juge de cassation… Alors en quoi consiste ce rôle ?

    Le Conseil d’État est la juridiction suprême de l’ordre administratif. Il peut être saisi d’un pourvoi en cassation. Il s’agit d’une voie de droit exceptionnelle par laquelle le Conseil d’État ne rejuge pas l’affaire mais vérifie la correcte application du droit par les juges du fond.

    Le Conseil d’État est juge de cassation :

    • des arrêts des cours administratives d’appel ;
    • des décisions des juridictions administratives spéciales ;
    • et pour juger des pourvois formés contre les jugements rendus, dans certaines matières, par les tribunaux administratifs statuant en premier et dernier ressort.
  • Le Conseil d’État est également conseiller du Gouvernement… Mais comment exerce-t-il cette compétence ?

    D’abord en examinant chaque année les projets de loi, d’ordonnance ou de décret pour vérifier leur régularité juridique et leur opportunité en termes d’action administrative. Puis en rendant un avis qui peut être soit :

    • obligatoire, pour les projets de loi et les ordonnances, ainsi que pour certains décrets ;
    • soit facultatif, à la demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.

    Le Conseil d’État peut aussi être consulté par le Gouvernement sur toute question et rendre un avis. Par exemple, en 1989, il a précisé la portée du principe de laïcité dans les établissements scolaires à la suite de l'affaire du “foulard islamique” et, en 2015, il s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du dispositif prévoyant la création d’un fichier judiciaire des auteurs d’infractions de terrorisme.

Dans la même thématique