Pourquoi le Conseil d'État peut-il aussi donner des "avis" contentieux ?

Justice

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L’essentiel

  • Lorsqu'une juridiction administrative fait face à une nouvelle question de droit qui présente une difficulté sérieuse et récurrente, elle peut solliciter le Conseil d’État pour avis avant de rendre sa décision. Les avis contentieux du Conseil d'État ne tranchent pas le litige mais permettent d'éclairer la juridiction. 
  • Le Conseil d'État a trois mois pour se prononcer. Durant cette période, la décision est suspendue.

En détail

Lorsqu'elle statue sur une requête, la juridiction administrative saisie au fond (tribunal administratif, cour administrative d’appel ou Cour nationale du droit d'asile) peut estimer que la requête dont elle est saisie soulève une question de droit nouvelle, qui présente une difficulté sérieuse et récurrente.

La juridiction préfère alors interroger le Conseil d’État pour obtenir un avis sur la question de droit, plutôt que de statuer immédiatement (art. L. 113-1 code de justice administrative).

Les avis sur une question de droit, différents des avis rendus en matière administrative et législative

Les avis rendus par le Conseil d’État sur une question de droit sont à distinguer de ceux adressés au Gouvernement et au Parlement :

  • l'avis sur une question de droit se pose dans le cadre d'une procédure juridictionnelle. Il vise à éclairer la juridiction administrative qui en est à l'origine afin qu'elle puisse rendre sa décision ;
  • les avis donnés au Gouvernement et au Parlement relèvent des attributions en matière administrative et législative du Conseil d’État : ils n'interviennent pas au cours d'une procédure juridictionnelle, mais dans le processus de confection des lois, des ordonnances, et de certains décrets ;
  • l'avis sur une question de droit doit également être distingué de l'avis consultatif, qui relève des attributions administratives des juridictions ordinaires.

L'affaire est transmise par le greffe de la juridiction de fond au Conseil d’État qui examine la question soulevée dans un délai de trois mois.

Durant ce délai, il est sursis à toute décision au fond : la juridiction ne peut statuer avant que le Conseil d’État n'ait rendu son avis (ou, à défaut, avant l'expiration d'un délai de trois mois). 

L'avis est instruit par la chambre compétente, puis rendu par une formation contentieuse du Conseil d’État et transmis à la juridiction qui l’a interrogé. Celle-ci peut alors reprendre l’affaire en s’appuyant, pour rendre son jugement, sur l’avis contentieux du Conseil d’État.

Les avis contentieux ne tranchent pas le litige soumis au Conseil d’État mais détaillent la réponse que le Conseil d’État donne à une question juridique nouvelle, afin que la juridiction de fond puisse statuer sur la requête dont elle initialement a été saisie.

En image

  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.
Pourquoi le Conseil d'État peut-il aussi donner des "avis" contentieux ? - plus de détails dans le texte suivant l’infographie
  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.

Podcast

Quel est le rôle du Conseil d'État ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site vie-publique.fr, et je vais vous expliquer en quoi consiste le rôle du Conseil d’État.

Le Conseil d'État, créé en 1799, est à la fois une juridiction administrative et conseiller du Gouvernement. Juge des litiges entre l'administration et les administrés, il est aussi la plus haute autorité de l'ordre administratif.

  • Mais commençons d’abord par le rôle de juge administratif du Conseil d’État ?

    Le Conseil d’État est juge, en premier et dernier ressort, du contentieux électoral des élections européennes, des élections régionales et des élections des assemblées de certains territoires à statut particulier tel que la Corse ou la Polynésie française. Il l‘est aussi pour juger des recours contre les décrets, les ordonnances, actes réglementaires des ministres. Enfin, il se prononce sur les recours formés contre les décisions administratives prononcées par les principales autorités administratives indépendantes.

    Le Conseil d’État dispose également de compétences en tant que juge d’appel des décisions rendues par les tribunaux administratifs, par exemple en matière d’élections communales et départementales.

  • Par ailleurs, le Conseil d’État est juge de cassation… Alors en quoi consiste ce rôle ?

    Le Conseil d’État est la juridiction suprême de l’ordre administratif. Il peut être saisi d’un pourvoi en cassation. Il s’agit d’une voie de droit exceptionnelle par laquelle le Conseil d’État ne rejuge pas l’affaire mais vérifie la correcte application du droit par les juges du fond.

    Le Conseil d’État est juge de cassation :

    • des arrêts des cours administratives d’appel ;
    • des décisions des juridictions administratives spéciales ;
    • et pour juger des pourvois formés contre les jugements rendus, dans certaines matières, par les tribunaux administratifs statuant en premier et dernier ressort.
  • Le Conseil d’État est également conseiller du Gouvernement… Mais comment exerce-t-il cette compétence ?

    D’abord en examinant chaque année les projets de loi, d’ordonnance ou de décret pour vérifier leur régularité juridique et leur opportunité en termes d’action administrative. Puis en rendant un avis qui peut être soit :

    • obligatoire, pour les projets de loi et les ordonnances, ainsi que pour certains décrets ;
    • soit facultatif, à la demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.

    Le Conseil d’État peut aussi être consulté par le Gouvernement sur toute question et rendre un avis. Par exemple, en 1989, il a précisé la portée du principe de laïcité dans les établissements scolaires à la suite de l'affaire du “foulard islamique” et, en 2015, il s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du dispositif prévoyant la création d’un fichier judiciaire des auteurs d’infractions de terrorisme.

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