Quels textes le Gouvernement doit-il soumettre au Conseil d'État ?

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L’essentiel

Les projets de loi et les ordonnances ne peuvent être débattus en conseil des ministres sans avoir reçu l’avis du Conseil d’État. Certains décrets, dénommés décrets en Conseil d’État, nécessitent également l’avis du Conseil d’État.

En détail

En application de l’article 39, alinéa 2 de la Constitution, les projets de loi ne peuvent être délibérés en Conseil des ministres qu’après avis du Conseil d’État. Cette obligation n’existait pas sous la IIIe République, mais a été établie par l’article 21 de l’ordonnance no 45-1708 du 31 juillet 1945 portant sur le Conseil d’État.

C'est le Secrétariat général du Gouvernement qui transmet le projet de loi au Conseil d’État, au moins quatre semaines avant sa présentation au Conseil des ministres, dans un souci de qualité du travail. Ce délai est souvent abrégé.

Le recueil de l’avis du Conseil d’État constitue une obligation sanctionnée par le Conseil constitutionnel : "Si le Conseil des ministres délibère sur les projets de loi et s’il lui est possible d’en modifier le contenu, c’est, comme l’a voulu le constituant, à la condition d’être éclairé par l’avis du Conseil d’État ; […] par suite, l’ensemble des questions posées par le texte adopté par le Conseil des ministres doivent avoir été soumises au Conseil d’État lors de sa consultation" (décision du 3 avril 2003).

En application de l’article 38, alinéa 2 de la Constitution, les projets d’ordonnance ne peuvent être délibérés en Conseil des ministres qu’après avis du Conseil d’État.

Comme pour les projets de loi, la transmission du projet d’ordonnance au Conseil d’État par le Secrétariat général du Gouvernement s’effectue au moins quatre semaines avant sa présentation au Conseil des ministres.

Parmi les différents types de décrets qui existent, certains sont soumis à l'avis du Conseil d’État, lorsqu'une disposition constitutionnelle, législative ou réglementaire le prévoit. On les appelle "décrets en Conseil d’État".

Les décrets adoptés pour modifier des textes de forme législative intervenus dans le domaine réglementaire nécessitent un avis du Conseil d’État. Cette procédure dite de "délégalisation" (modification d'une loi par un décret) est prévue à l'article 37, alinéa 2 de la Constitution.

Le défaut de consultation du Conseil d’État rend illégales les dispositions du décret (décision du Conseil d’État du 3 juillet 1998, Syndicat national de l'environnement CFDT et autres). 

Un autre contrôle est imposé pour ce type de décrets lorsque le texte législatif qu'ils modifient intervient dans le domaine réglementaire après l'entrée en vigueur de la Constitution de 1958 : le Conseil constitutionnel doit vérifier le caractère réglementaire de la loi intéressée

Un décret peut être élevé au niveau de décret en Conseil d’État sur accord commun du Gouvernement et du Conseil d’État, même si aucun texte ne le soumet à une saisine du Conseil d’État. Cette décision est prise au regard de l'objet ou de l'importance du décret, notamment dans le domaine des libertés individuelles, du droit de propriété ou encore du régime des obligations. 

En image

  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.
Quels textes le Gouvernement doit-il soumettre au Conseil d'État ? - plus de détails dans le texte suivant l’infographie
  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.

Podcast

Quel est le rôle du Conseil d'État ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site vie-publique.fr, et je vais vous expliquer en quoi consiste le rôle du Conseil d’État.

Le Conseil d'État, créé en 1799, est à la fois une juridiction administrative et conseiller du Gouvernement. Juge des litiges entre l'administration et les administrés, il est aussi la plus haute autorité de l'ordre administratif.

  • Mais commençons d’abord par le rôle de juge administratif du Conseil d’État ?

    Le Conseil d’État est juge, en premier et dernier ressort, du contentieux électoral des élections européennes, des élections régionales et des élections des assemblées de certains territoires à statut particulier tel que la Corse ou la Polynésie française. Il l‘est aussi pour juger des recours contre les décrets, les ordonnances, actes réglementaires des ministres. Enfin, il se prononce sur les recours formés contre les décisions administratives prononcées par les principales autorités administratives indépendantes.

    Le Conseil d’État dispose également de compétences en tant que juge d’appel des décisions rendues par les tribunaux administratifs, par exemple en matière d’élections communales et départementales.

  • Par ailleurs, le Conseil d’État est juge de cassation… Alors en quoi consiste ce rôle ?

    Le Conseil d’État est la juridiction suprême de l’ordre administratif. Il peut être saisi d’un pourvoi en cassation. Il s’agit d’une voie de droit exceptionnelle par laquelle le Conseil d’État ne rejuge pas l’affaire mais vérifie la correcte application du droit par les juges du fond.

    Le Conseil d’État est juge de cassation :

    • des arrêts des cours administratives d’appel ;
    • des décisions des juridictions administratives spéciales ;
    • et pour juger des pourvois formés contre les jugements rendus, dans certaines matières, par les tribunaux administratifs statuant en premier et dernier ressort.
  • Le Conseil d’État est également conseiller du Gouvernement… Mais comment exerce-t-il cette compétence ?

    D’abord en examinant chaque année les projets de loi, d’ordonnance ou de décret pour vérifier leur régularité juridique et leur opportunité en termes d’action administrative. Puis en rendant un avis qui peut être soit :

    • obligatoire, pour les projets de loi et les ordonnances, ainsi que pour certains décrets ;
    • soit facultatif, à la demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.

    Le Conseil d’État peut aussi être consulté par le Gouvernement sur toute question et rendre un avis. Par exemple, en 1989, il a précisé la portée du principe de laïcité dans les établissements scolaires à la suite de l'affaire du “foulard islamique” et, en 2015, il s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du dispositif prévoyant la création d’un fichier judiciaire des auteurs d’infractions de terrorisme.

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