Comment le Conseil d'État conseille-t-il le gouvernement ?

Institutions de la République

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L’essentiel

  • Le Conseil d'État examine les projets de texte du gouvernement et rend un avis.
  • Il se prononce sur leur forme, leur légalité et leur opportunité.
  • Il peut également être amené à se prononcer sur d'autres sujets, de sa propre initiative ou sur saisine du gouvernement. 

En détail

Le Conseil d’État est d’abord chargé d’examiner des projets de textes avant leur délibération en Conseil des ministres (ou leur publication lorsque le texte n'est pas délibéré en Conseil des ministres). 

La consultation du Conseil d’État est : 

  • obligatoire pour les projets de loi et d’ordonnances, ainsi que pour les décrets pour lesquels une disposition constitutionnelle, légale ou administrative le prévoit (on parle de "décrets en Conseil d’État"); 
  • facultative, à la demande du gouvernement, sur tout projet de texte.

L'élargissement de la saisine du Conseil d’État aux présidents des assemblées

Depuis la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ont également la faculté de saisir pour avis le Conseil d’État d’une proposition de loi émanant d’un membre de leur assemblée avant son examen en commission. Afin de ne pas porter atteinte au droit d’initiative individuelle reconnu à chaque parlementaire, l’auteur d’une proposition de loi peut s’opposer à sa transmission au Conseil d’État.

Lorsqu'il examine un texte, le Conseil d’État se prononce sur :

  • la forme : il veille à ce que les textes soient bien rédigés et peut proposer une rédaction plus cohérente et applicable ;
  • la légalité : il vérifie le respect des règles de compétence, de procédure et, sur le fond, le respect des textes hiérarchiquement supérieurs ;
  • l’opportunité : il établit le bilan des avantages et des inconvénients du texte. Il ne s’agit pas d’un jugement d’opportunité politique, mais de l'examen de critère tels que la conformité aux objectifs de politique publique ou la cohérence avec d'autres textes. 

Le gouvernement n’est pas tenu de suivre les avis du Conseil d’État, mais le fait le plus souvent.

Le Conseil d’État peut aussi être consulté sur toute question posant difficulté par le gouvernement. Il a par exemple été saisi par le ministre de l’Éducation nationale en 1989 sur la question du "foulard islamique", et a ainsi fait part de son analyse quant au respect des principes de laïcité d'un côté, et de la liberté d'expression et de manifestation de croyances religieuses de l'autre. 

Ces avis sont secrets sauf si le gouvernement en décide autrement. 

Le Conseil rend enfin des rapports sur des questions particulières et peut attirer l’attention du gouvernement sur les réformes lui paraissant conformes à l’intérêt général.

En image

  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.
Comment le Conseil d'État conseille-t-il le gouvernement ? - plus de détails dans le texte suivant l’infographie
  • Descendant direct du Conseil du Roi.
  • Créé en 1799.
  • Conseiller du gouvernement pour la préparation des projets de loi, des ordonnances et de certains projets de décret.
  • Juge administratif suprême : juge les litiges entre l'administration et les administrés ; unifie le droit administratif par la jurisprudence.
  • En France, les ordres administratif et judiciaire sont séparés : le Conseil d'État est la plus haute autorité administrative ; la Cour de cassation est la plus haute autorité judiciaire.

Podcast

Quel est le rôle du Conseil d'État ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site vie-publique.fr, et je vais vous expliquer en quoi consiste le rôle du Conseil d’État.

Le Conseil d'État, créé en 1799, est à la fois une juridiction administrative et conseiller du Gouvernement. Juge des litiges entre l'administration et les administrés, il est aussi la plus haute autorité de l'ordre administratif.

  • Mais commençons d’abord par le rôle de juge administratif du Conseil d’État ?

    Le Conseil d’État est juge, en premier et dernier ressort, du contentieux électoral des élections européennes, des élections régionales et des élections des assemblées de certains territoires à statut particulier tel que la Corse ou la Polynésie française. Il l‘est aussi pour juger des recours contre les décrets, les ordonnances, actes réglementaires des ministres. Enfin, il se prononce sur les recours formés contre les décisions administratives prononcées par les principales autorités administratives indépendantes.

    Le Conseil d’État dispose également de compétences en tant que juge d’appel des décisions rendues par les tribunaux administratifs, par exemple en matière d’élections communales et départementales.

  • Par ailleurs, le Conseil d’État est juge de cassation… Alors en quoi consiste ce rôle ?

    Le Conseil d’État est la juridiction suprême de l’ordre administratif. Il peut être saisi d’un pourvoi en cassation. Il s’agit d’une voie de droit exceptionnelle par laquelle le Conseil d’État ne rejuge pas l’affaire mais vérifie la correcte application du droit par les juges du fond.

    Le Conseil d’État est juge de cassation :

    • des arrêts des cours administratives d’appel ;
    • des décisions des juridictions administratives spéciales ;
    • et pour juger des pourvois formés contre les jugements rendus, dans certaines matières, par les tribunaux administratifs statuant en premier et dernier ressort.
  • Le Conseil d’État est également conseiller du Gouvernement… Mais comment exerce-t-il cette compétence ?

    D’abord en examinant chaque année les projets de loi, d’ordonnance ou de décret pour vérifier leur régularité juridique et leur opportunité en termes d’action administrative. Puis en rendant un avis qui peut être soit :

    • obligatoire, pour les projets de loi et les ordonnances, ainsi que pour certains décrets ;
    • soit facultatif, à la demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.

    Le Conseil d’État peut aussi être consulté par le Gouvernement sur toute question et rendre un avis. Par exemple, en 1989, il a précisé la portée du principe de laïcité dans les établissements scolaires à la suite de l'affaire du “foulard islamique” et, en 2015, il s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du dispositif prévoyant la création d’un fichier judiciaire des auteurs d’infractions de terrorisme.

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