L'article 49.3 de la Constitution donne la possibilité au Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, d’engager la responsabilité du Gouvernement sur le vote :
- d’un projet de loi de finances ;
- d'un projet de loi de financement de la sécurité sociale ;
- d’un autre projet ou une proposition de loi en débat à l’Assemblée nationale.
Si le Premier ministre décide d’y recourir, sa décision entraîne la suspension immédiate de la discussion du texte à l'Assemblée nationale. Le texte est considéré comme adopté, sans être soumis au vote, sauf si une motion de censure est déposée dans les 24 heures qui suivent.
La motion de censure doit être votée selon des conditions très précises : seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu’à la majorité des membres composant l’Assemblée. Si la motion de censure est adoptée, le texte est rejeté et le Gouvernement est renversé.
Depuis la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, hors projets de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale, l’article 49.3 ne peut être utilisé que sur un seul texte au cours d’une même session parlementaire . Avant cette révision de la Constitution, le gouvernement pouvait y avoir recours aussi souvent qu’il le voulait et sur n’importe quel texte.
Dans sa décision du 14 décembre 2023, le Conseil constitutionnel apporte deux précisions quant à l'usage du 49.3 :
- le Premier ministre peut, en son absence, charger un ministre d'informer l'Assemblée nationale de sa décision d'engager la responsabilité du Gouvernement sur un texte ;
- il est possible d'engager la responsabilité du Gouvernement sur un texte même si la responsabilité a été déjà engagée dans des sessions précédentes.
Actualité du 49.3
Sous la XVIIe législature, le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser le 49.3 pour le vote du projet de loi de finances pour 2026 et pour le PLFSS 2026.
Le Premier ministre François Bayrou avait enclenché le 49.3 à trois reprises, le 3 février 2025, sur le projet de loi de finances pour 2025 et sur la première partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 (PLFSS) et, le 5 février, sur la deuxième partie du PLFSS 2025.
Le 2 décembre 2024, le Premier ministre Michel Barnier avait enclenché le 49.3 sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. À la suite de ce recours et, pour la première fois sous la Ve République, une motion de censure provoquée avait été adoptée par l'Assemblée nationale 4 décembre 2024.
Le Conseil des ministres du 23 octobre 2024 avait autorisé Michel Barnier à recourir au 49.3 pour l'adoption du projet de loi de finances pour 2025, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 et pour le projet de loi de fin de gestion.
Sous la XVIe législature, la Première ministre Élisabeth Borne a eu recours au 49.3 à 11 occasions lors de la session 2022-2023, puis 12 fois entre septembre et décembre 2023 (session extraordinaire et session 2023-2024).