Quel est le rôle du Conseil d'État lors de l'examen d'une proposition de loi ?

Institutions de la République

Temps de lecture  3 minutes

Podcast

L’essentiel

  • Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le Conseil d’État peut être saisi par le président d'une assemblée (Assemblée nationale ou Sénat) pour l'examen d'une proposition de loi. 
  • L'avis du Conseil d’État relève les éventuelles difficultés juridiques de la proposition et indique des solutions. L'auteur de la proposition de loi peut s'opposer à la saisine du Conseil.

En détail

La saisine du Conseil d’État pour examiner une proposition de loi est une faculté ouverte aux assemblées (Assemblée nationale ou Sénat) par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008. Ce sont les présidents des assemblées qui disposent de l'initiative de saisir le Conseil d’État, avant l'examen de la proposition de loi en commission parlementaire. L'auteur de la proposition de loi peut néanmoins s'y opposer (article 39 de la Constitution). 

Le vice-président du Conseil d’État attribue en principe l’examen de la proposition de loi à la section administrative compétente, conformément à l'art. L. 123-1 du code de justice administrative (CJA). Il peut également décider de réunir spécialement une commission composée de représentants des différentes sections intéressées. 

Le parlementaire auteur du texte peut produire devant le Conseil d’État toutes observations ; il est entendu à sa demande par le rapporteur de la section et peut participer, avec voix consultative, aux séances de la section et de l’assemblée générale au cours desquelles l’avis est délibéré (art. L. 123-2 CJA). Il peut être accompagné par des collaborateurs ou des fonctionnaires parlementaires voire, s’il le demande et si le Gouvernement l’accepte, par des représentants des ministères (art. R. 123-24-1 CJA).

L'avis est délibéré puis rendu par l’assemblée générale du Conseil d’État.

Il s'agit d'une “note relevant les difficultés juridiques que pourrait soulever la rédaction retenue par l’auteur de la proposition et exposant, le cas échéant, les voies permettant de supporter ses difficultés” (Rapport annuel du Conseil d’État 2016, p. 207). Autrement dit, contrairement à ce qu’il fait pour un projet de loi – qui, lui, n’est pas encore délibéré en Conseil des ministres –, le Conseil d’État ne réécrit pas le texte qui est déjà déposé, mais donne dans sa note toutes indications utiles pour corriger le texte de la proposition afin d’assurer sa régularité juridique, notamment au regard des règles constitutionnelles et conventionnelles. 

En application de l’article 4 bis de l’ordonnance du 17 novembre 1958 modifiée, le Conseil d’État transmet son avis au président de l'assemblée concernée, qui le communique à l'auteur de la proposition. L'avis étant consultatif, le parlementaire à l'origine de la proposition de loi n'est pas tenu de suivre les préconisations du Conseil d’État. 

Le bilan des saisines du Conseil d’État d'origine parlementaire

Le rapport public annuel du Conseil d’État rend compte de sa mission de conseiller. 

Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle disposition constitutionnelle (art. 39 issu de la révision de 2008), et jusqu'au 31 décembre 2023, le Conseil d’État a été saisi pour l'examen de 47 propositions de loi (31 rédigées par des députés, 16 par des sénateurs).

 

Podcast

Quel est le rôle du Conseil d'État ?

Bonjour, je suis Bertrand, rédacteur pour le site vie-publique.fr, et je vais vous expliquer en quoi consiste le rôle du Conseil d’État.

Le Conseil d'État, créé en 1799, est à la fois une juridiction administrative et conseiller du Gouvernement. Juge des litiges entre l'administration et les administrés, il est aussi la plus haute autorité de l'ordre administratif.

  • Mais commençons d’abord par le rôle de juge administratif du Conseil d’État ?

    Le Conseil d’État est juge, en premier et dernier ressort, du contentieux électoral des élections européennes, des élections régionales et des élections des assemblées de certains territoires à statut particulier tel que la Corse ou la Polynésie française. Il l‘est aussi pour juger des recours contre les décrets, les ordonnances, actes réglementaires des ministres. Enfin, il se prononce sur les recours formés contre les décisions administratives prononcées par les principales autorités administratives indépendantes.

    Le Conseil d’État dispose également de compétences en tant que juge d’appel des décisions rendues par les tribunaux administratifs, par exemple en matière d’élections communales et départementales.

  • Par ailleurs, le Conseil d’État est juge de cassation… Alors en quoi consiste ce rôle ?

    Le Conseil d’État est la juridiction suprême de l’ordre administratif. Il peut être saisi d’un pourvoi en cassation. Il s’agit d’une voie de droit exceptionnelle par laquelle le Conseil d’État ne rejuge pas l’affaire mais vérifie la correcte application du droit par les juges du fond.

    Le Conseil d’État est juge de cassation :

    • des arrêts des cours administratives d’appel ;
    • des décisions des juridictions administratives spéciales ;
    • et pour juger des pourvois formés contre les jugements rendus, dans certaines matières, par les tribunaux administratifs statuant en premier et dernier ressort.
  • Le Conseil d’État est également conseiller du Gouvernement… Mais comment exerce-t-il cette compétence ?

    D’abord en examinant chaque année les projets de loi, d’ordonnance ou de décret pour vérifier leur régularité juridique et leur opportunité en termes d’action administrative. Puis en rendant un avis qui peut être soit :

    • obligatoire, pour les projets de loi et les ordonnances, ainsi que pour certains décrets ;
    • soit facultatif, à la demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.

    Le Conseil d’État peut aussi être consulté par le Gouvernement sur toute question et rendre un avis. Par exemple, en 1989, il a précisé la portée du principe de laïcité dans les établissements scolaires à la suite de l'affaire du “foulard islamique” et, en 2015, il s’est prononcé sur la conformité à la Constitution du dispositif prévoyant la création d’un fichier judiciaire des auteurs d’infractions de terrorisme.

Dans la même thématique