Quelle est l'influence des médias et des réseaux sociaux en tant qu'acteurs internationaux ?

Relations internationales

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L’essentiel

  • L'information des médias sur l'actualité internationale éclaire l'opinion publique sur l'action internationale des États.
  • Ils sont concurrencés par Internet et les réseaux sociaux, désormais utilisés par l'ensemble des acteurs de la scène internationale à des fins diverses (diplomatie, organisation de mouvements de masse, révélations, trafics...).
  • Le fonctionnement des réseaux sociaux peut limiter la diversité de l'information et des points de vue, voire manipuler l'information.

En détail

Les médias se déclinent en différents canaux pour diffuser l’information et l’analyse qu’ils en font : presse écrite, supports numériques, télévision, radio… 

Le rythme de plus en plus soutenu avec lequel ils rapportent l’information leur permet d’accroître leur impact sur l’opinion publique, qui se façonne au contact des médias. Dans les démocraties, l’opinion publique tient une place croissante dans la légitimation de l’action internationale des États, voire dans son orientation. En favorisant une interaction entre les responsables étatiques ou internationaux et l’opinion publique, les médias peuvent participer à l’État de droit, à une certaine transparence de l’activité internationale et au fonctionnement démocratique des États

En revanche, les médias ne sont pas nécessairement neutres : ils peuvent servir de relais à une communication politique ou à des idéologies lorsqu’ils font le choix de diffuser un message orienté ou partial. Selon leur degré d'indépendance, les médias internationaux peuvent également être perçus comme des outils diplomatiques investis par les États, étant donné qu'ils participent à la formation des opinions étrangères. 

Les médias traditionnels sont concurrencés, voire remis en cause, par des réseaux sociaux ou des sites Internet, de plus en plus privilégiés pour s'informer. Pour l'ensemble des acteurs internationaux, les réseaux sociaux se sont imposés dans plusieurs domaines :

  • la conduite de la diplomatie : les termes de twitter diplomacy ou #diplomacy qualifient cette évolution vers une diplomatie numérique via les réseaux sociaux. Les représentants gouvernementaux et les acteurs internationaux ont de plus en plus recours aux réseaux sociaux pour communiquer. Outre une certaine banalisation, on assiste à une accélération significative du temps diplomatique ;
  • la révélation par des lanceurs d’alerte d’informations dissimulées qui interfère avec les relations internationales et mobilise l’opinion publique, comme l'a fait Edward Snowden en 2013 pour dévoiler l'ampleur de la surveillance exercée sur les utilisateurs d'Internet par la NSA, l'agence de renseignement américaine ; 
  • la cristallisation rapide de certains mouvements de masse comme les Printemps arabes, contestations populaires dans plusieurs pays du monde arabe à partir de 2010, pour l'organisation desquelles les réseaux sociaux ont joué un rôle central ;
  • la diffusion de la propagande des acteurs illégaux des relations internationales ; 
  • les moyens de communication cryptés, les cryptomonnaies et le darknet (utilisation d’internet focalisée sur la confidentialité des échanges), qui peuvent également servir à leurs trafics (armes, drogue…) ou au blanchiment d’argent.

Ces nouveaux médias diffusent des informations ciblées s’adaptant à la sensibilité ou aux centres d’intérêts de chacun de leurs affiliés. Ce sont les algorithmes des réseaux sociaux qui gèrent la diffusion des contenus, sans distinction entre les opinions, les informations fiables et les désinformations

Leurs utilisateurs ont tendance à se retrouver enfermés dans des "bulles cognitives" (espaces virtuels où chacun partage le même type d’idées), favorisant ainsi une certaine fragmentation de l’opinion publique et la recrudescence des théories du complot. Internet peut aussi permettre des manipulations ou même des déstabilisations internationales avec la dissémination de fausses informations (fake news). Il constitue également un champ d’action en matière de renseignement.

Les dérives constatées sur les réseaux sociaux (désinformation, manipulation...) ont conduit l'Union européenne (UE) à adopter un règlement sur les services numériques (DSA) en octobre 2022. Applicable depuis février 2024, cette législation vise à encadrer les activités des plateformes qui diffusent des contenus, en particulier celles des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).

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