Avec les pays les moins avancés, les pays en développement (PED) - qui se déclarent comme tels auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) - constituent plus des trois quarts des membres de l'Organisation. Les spécificités de ces pays sont prises en compte par l'OMC.
Comme pour le GATT, l’OMC autorise un traitement différencié et plus favorable aux pays en développement, par le Système généralisé de préférences (SGP), exception à la clause de la nation la plus favorisée. Dans ce cadre, les pays développés peuvent accepter des droits de douane faibles ou nuls aux importations en provenance des pays en développement.
Le Programme de développement : répondre aux besoins des PED et améliorer leur accès aux marchés
La question de l’octroi d’un traitement spécial et différencié à ces pays a été très débattue lors du cycle de l’Uruguay (1986-1993) puis celui de Doha (2001), qui lance le "Programme de développement". Son préambule souligne le rôle du commerce international dans le développement et la réduction de la pauvreté. Quelques décisions sont prises, comme la suppression des subventions aux exportations agricoles. Mais leur mise en œuvre reste suspendue à un accord global, que l’ampleur des différends ne permet pas d’atteindre.
La procédure de règlement des différends, gérée par l'Organe de règlement des différends (ORD) de l’OMC, a également pu apparaître comme un outil à destination des PED. Cette procédure leur permet, par le biais de recours, d’éviter les mesures unilatérales de rétorsion des grandes puissances (par exemple les sanctions commerciales).
Le fonctionnement de l’OMC s’avère maintenir l’asymétrie entre pays développés et en développement. Souscrivant à la libéralisation imposée dès la création de l'OMC, de nombreux PED ont vu leur situation économique se dégrader. Cette tension est devenue particulièrement manifeste au moment des cycles de négociation, au cours desquels les PED constituent des minorités de blocage, les prises de décisions se faisant par consensus :
- à la Conférence ministérielle de Singapour en 1996, les États présents refusent toute référence aux normes de travail dans la déclaration finale ;
- la Conférence de Seattle en 1999 échoue elle aussi sur les questions agricoles et les normes sociales ;
- celle de Cancun en 2003 est perturbée à la suite d'une mobilisation des PED sur la question des investissements ou de la transparence des marchés publics.
En 2019, le président américain Donald Trump reproche à l'OMC de favoriser les pays en développement. Dans la foulée, les États-Unis opposent leur veto à la nomination de nouveaux juges au sein de l'instance d'appel de l'ORD, bloquant ainsi les décisions en appel.
En juin 2022, lors de la 12e conférence ministérielle de l'OMC, les ministres du commerce de plus de 100 États membres parviennent néanmoins à plusieurs accords en faveur des pays en développement, dont la levée temporaire des brevets protégeant les vaccins anti-Covid.