Loi organique, loi ordinaire : quelles différences ?

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L’essentiel

  • Les lois organiques n’interviennent que dans les domaines et pour les objets limitativement énumérés par la Constitution. L'objet d'une loi organique est généralement de préciser l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics, en application d’articles de la Constitution.
  • Dans la hiérarchie des normes, les lois organiques sont supérieures aux lois ordinaires, mais inférieures aux lois constitutionnelles. 

En détail

Les lois organiques représentent une catégorie particulière de lois, entre les lois ordinaires et les lois constitutionnelles.

Ce type de lois était inconnu des textes de 1875 et 1946, mais figurait déjà dans la Constitution de 1848. La Constitution comprend 31 articles qui renvoient à des lois organiques afin de préciser certaines dispositions du texte. Des conditions strictes doivent être réunies pour l'adoption (art. 46 de la Constitution) des lois organiques. 

Le Conseil constitutionnel a développé une jurisprudence qui vise notamment à ce que les lois organiques n’interviennent que dans les domaines et pour les objets limitativement énumérés par la Constitution. Par exemple, dans sa décision DC du 14 janvier 2021, le Conseil considère que les articles 6-1 et 7 de la loi organique relative au Conseil économique, social et environnemental (CESE) ont une valeur de loi ordinaire, puisqu’ils ne concernent pas les matières que la Constitution attribue au législateur organique.

Les lois ordinaires interviennent dans les domaines de la loi définis à l’article 34 de la Constitution et sont adoptées à l’issue de la navette parlementaire. Parmi les lois ordinaires, on distingue les lois de finances, les lois de financement de la sécurité sociale et les lois de programmation. Ces dernières déterminent les objectifs de l’action de l’État. 

Lors de la procédure parlementaire, en cas de désaccord du Sénat, la loi organique doit être adoptée par l’Assemblée nationale à la majorité absolue.

Comme pour les autres textes, il s’écoule un délai d'au moins six semaines entre le dépôt d’un projet ou d’une proposition de loi organique et son examen en séance publique devant la première assemblée saisie, et quatre semaines pour la seconde assemblée saisie. En revanche, en cas de recours à la procédure accélérée par le Gouvernement, un délai minimal de deux semaines s’applique aux textes de nature organique entre leur dépôt et leur examen en séance publique dans la première assemblée saisie, alors qu’aucun délai minimal n’est prévu pour les autres textes législatifs.

Le Gouvernement peut ensuite utiliser l’ensemble des moyens de procédure à sa disposition dans la navette législative (convocation d’une commission mixte paritaire -CMP, dernier mot donné à l’Assemblée nationale).

Par exception, une loi organique relative au Sénat ou au droit de vote des citoyens européens aux élections municipales doit impérativement être approuvée dans les mêmes termes par les deux assemblées. Cela s’oppose au recours à la procédure accélérée et à la convocation d’une CMP. Il s’agit d’éviter qu’une assemblée impose à l’autre des modifications importantes la concernant sans son accord.

À l’issue de la procédure parlementaire, le texte adopté est automatiquement transmis au Conseil constitutionnel. Sa saisine est assurée au nom du Premier ministre par le Secrétariat général du gouvernement (SGG).

Le contrôle du Conseil est strict. Par exemple, il "déclasse" les dispositions législatives simples présentes dans une loi organique, c’est-à-dire qu’il indique au législateur qu’une loi ordinaire suivante pourra les modifier, comme dans sa décision du 14 décembre 2021. 

Les lois organiques ne peuvent être promulguées qu’après la décision du Conseil constitutionnel qui les juge conformes à la Constitution.

En vidéo

1. Initiative de la loi.

L'initiative de la loi appartient à la fois au Gouvernement qui peut déposer des projets de loi et au Parlement.
On parle alors de proposition de loi.

2. Dépôt et examen de la loi en commission.

Projet ou proposition de loi, le texte est débattu en commission à l'Assemblée nationale ou au Sénat.
Par exemple, une loi sur la santé sera examinée par la commission des affaires sociales de l'assemblée où le texte a été déposé.
Désigné au sein de la commission, un rapporteur analyse le texte dans un rapport et fait des propositions.
Les parlementaires de la commission peuvent soit adopter le texte tel qu'il leur a été soumis, soit adopter un nouveau texte modifié par des amendements ou rejeter en bloc le texte initial.
Le texte adopté par la commission est ensuite inscrit à l'ordre du jour de la première assemblée où il a été déposé.

3. Discussion et vote au Parlement.

Le texte est alors discuté dans l'hémicycle, en séance publique.
Il peut être là encore modifié par des amendements.
Les parlementaires votent d'abord sur chaque article et amendement avant de voter sur l'ensemble du texte.
Une fois adopté, le texte est transmis à l'autre assemblée qui va l'examiner selon les mêmes règles.
Si après l'examen en commission, la seconde assemblée vote le texte sans modification, le texte est définitivement adopté.
Mais si le texte est voté avec des amendements, il doit repartir vers la première assemblée pour être examiné dans sa nouvelle version.
On parle de navette pour désigner ces allers-retours entre l'Assemblée nationale et le Sénat, jusqu'à ce que les deux chambres se mettent d'accord sur un texte.
Faute d'accord, le gouvernement peut convoquer une commission mixte paritaire.
Composée de sept députés et sept sénateurs, elle doit permettre d'aboutir à un texte commun voté ensuite par chaque assemblée.
En cas d'échec, une nouvelle lecture du texte a lieu dans les deux assemblées et le gouvernement peut alors donner le dernier mot à l'Assemblée nationale pour une adoption définitive du texte.

4. Promulgation.

La loi est ensuite promulguée par le président de la République dans les quinze jours.
Pendant ce délai, le président peut demander un nouvel examen du texte et le Conseil constitutionnel peut être saisi pour vérifier que le texte de loi est conforme à la Constitution.
La loi promulguée entre en vigueur après sa publication au Journal officiel.

En image

1 - Initiative :

  • Gouvernement (projet de loi) ou Assemblée nationale ou Sénat (proposition de loi).

2 - Examen du texte en commission :

  • Une commission parlementaire est saisie (Assemblée nationale ou Sénat) ; un rapporteur de la commission analyse le texte et fait des propositions.
  • Au terme d'un débat, les membres de la commission peuvent : adopter le texte tel qu'il leur a été soumis ; adopter un nouveau texte modifié par des amendements ; rejeter en bloc le texte initial.
  • Pour continuer la procédure législative, le texte doit être inscrit à l'ordre du jour de la séance publique.

3 - Discussion et vote en séance publique :

  • Texte discuté dans l'hémicycle (éventuellement modifié par des amendements) ; Texte adopté par la première assemblée ; Transmission du texte à la seconde assemblée : si le texte est voté par la seconde assemblée sans modification, il est définitivement adopté ; si des amendements sont introduits par la seconde assemblée, il y a un examen de la nouvelle version du texte par la première assemblée.
  • Navette parlementaire : ce processus désigne les allers-retours entre l'Assemblée nationale et le Sénat jusqu'à ce que les deux assemblées se mettent d'accord sur un texte.
  • Si désaccord persistant entre les deux assemblées : le Gouvernement peut convoquer une Commission mixte paritaire (CMP) : sept députés et sept sénateurs.
  • La CMP propose une nouvelle version du texte. Si le texte est voté par les deux assemblées, le texte est définitivement adopté. Si le texte n'est pas voté par les deux assemblées, il y a une nouvelle lecture dans chaque assemblée (le Gouvernement peut donner le dernier mot à l'Assemblée nationale).

4 - Promulgation par le président de la République :

  • Dans un délai de 15 jours ;
  • Le Conseil constitutionnel peut être saisi pour vérifier la constitutionnalité de la loi ;
  • Le Président peut demander un nouvel examen du texte ;
  • Publication au Journal officiel : la loi peut entrer en vigueur.

 

Loi organique, loi ordinaire : quelles différences ? - plus de détails dans le texte suivant l’infographie

1 - Initiative :

  • Gouvernement (projet de loi) ou Assemblée nationale ou Sénat (proposition de loi).

2 - Examen du texte en commission :

  • Une commission parlementaire est saisie (Assemblée nationale ou Sénat) ; un rapporteur de la commission analyse le texte et fait des propositions.
  • Au terme d'un débat, les membres de la commission peuvent : adopter le texte tel qu'il leur a été soumis ; adopter un nouveau texte modifié par des amendements ; rejeter en bloc le texte initial.
  • Pour continuer la procédure législative, le texte doit être inscrit à l'ordre du jour de la séance publique.

3 - Discussion et vote en séance publique :

  • Texte discuté dans l'hémicycle (éventuellement modifié par des amendements) ; Texte adopté par la première assemblée ; Transmission du texte à la seconde assemblée : si le texte est voté par la seconde assemblée sans modification, il est définitivement adopté ; si des amendements sont introduits par la seconde assemblée, il y a un examen de la nouvelle version du texte par la première assemblée.
  • Navette parlementaire : ce processus désigne les allers-retours entre l'Assemblée nationale et le Sénat jusqu'à ce que les deux assemblées se mettent d'accord sur un texte.
  • Si désaccord persistant entre les deux assemblées : le Gouvernement peut convoquer une Commission mixte paritaire (CMP) : sept députés et sept sénateurs.
  • La CMP propose une nouvelle version du texte. Si le texte est voté par les deux assemblées, le texte est définitivement adopté. Si le texte n'est pas voté par les deux assemblées, il y a une nouvelle lecture dans chaque assemblée (le Gouvernement peut donner le dernier mot à l'Assemblée nationale).

4 - Promulgation par le président de la République :

  • Dans un délai de 15 jours ;
  • Le Conseil constitutionnel peut être saisi pour vérifier la constitutionnalité de la loi ;
  • Le Président peut demander un nouvel examen du texte ;
  • Publication au Journal officiel : la loi peut entrer en vigueur.

 

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