Quelles sont les grandes théories en matière de relations internationales ?

Relations internationales

Temps de lecture  5 minutes

L’essentiel

  • Les approches réaliste et libérale ont longtemps été les modèles dominants des relations internationales. À partir du critère de l’anarchie et à travers des propositions qui se veulent universelles, ils visent à identifier des régularités et à les comprendre.
  • La théorie réaliste part du principe selon lequel la guerre est inévitable dans les relations internationales, tandis que la théorie libérale s'appuie sur une interdépendance des États et promeut la création de règles internationales favorisant la paix.
  • D'autres théories ont proposé par la suite des approches et des niveaux d'analyse différents de ces deux courant opposés (transnationalisme, marxisme, post-positivisme, constructionnisme...) 

En détail

L’approche réaliste consiste à étudier la réalité telle qu’elle est. Aussi est-elle souvent décrite comme une théorie explicative, ne cherchant pas à influencer les cours des événements, mais à en analyser les causes. Elle est un paradigme dominant dans l'étude des relations internationales

La théorie réaliste calque la vision d’une nature égoïste de l’homme sur les États, qui sont en situation d’anarchie. Elle estime ainsi que la guerre est inévitable, qu'elle soit avérée ou latente, car la distribution et l’utilisation de la puissance sont le facteur principal des relations interétatiques. 

Selon la théorie réaliste, les acteurs principaux des relations internationales sont dès lors les groupes de conflit, à savoir, depuis l'émergence du système westphalien, les États-nations (vision stato-centrée). La souveraineté des États, et plus précisément l'absence d'autorité supérieure à ces derniers, y occupe une place fondamentale en ce qu'elle explique l'état d'anarchie tel qu'appréhendé par la théorie réaliste. Les États-nations sont considérés comme des acteurs rationnels dont l'objectif est la maximisation de leur intérêt national (puissance sur la scène internationale). La stabilité internationale ne peut alors être assuré que par l'équilibre des puissances - qui n'équivaut pas à la paix. 

Ce courant devient celui dominant pendant la Guerre froide, apparaissant comme le plus pertinent pour expliquer le rapport de force entre les deux blocs. Le néo-réalisme, apparu à la fin des années 1970, tente d'apporter des réponses aux critiques qui ont été faites à la théorie réaliste, en incluant de nouveaux facteurs tels que le rôle joué par les acteurs non-étatiques et la hiérarchie existant entre les différents États (concept de polarité). 

Le libéralisme est un courant qui croit en la possibilité de réformer l'ordre existant. Il s'agit en réalité du premier paradigme central des relations internationales, qui a ensuite été dominé par le réalisme, construit en partie autour de la critique du libéralisme. La naissance de l'approche libérale est concomitante de l'émergence de la discipline des relations internationales, à l'issue de la Première Guerre mondiale. La théorie libérale s'axe autour d'objectifs à atteindre, ce qui fait qu'on la qualifie de théorie normative.

Les libéraux considèrent que le recours à la force n’est pas une fatalité et estiment qu'il est possible d'accéder à la paix par la démocratie, l’État de droit et le respect des droits humains. Postulant une interdépendance entre les États, ils insistent sur le rôle formateur des normes, de la coopération et des institutions internationales. Cet apprentissage pourrait tempérer l’anarchie pour aboutir à la constitution d’une société internationale, ayant en partage un certain nombre de pratiques et d'intérêts communs. La coopération favoriserait dès lors la pacification des relations internationales. 

Inspirée de la philosophie libérale, le courant libéral prend en compte, outre les États et les organisations internationales, les individus. Une place importante est attribuée à ces derniers, considérés comme agissant rationnellement et influençant les identités et intérêts des États. 

D'autres théories ont vu le jour afin de compléter les approches libérale et réaliste, mais aussi pour aborder les relations internationales sous des angles nouveaux. Elles ne s'opposent pas pour autant, et des passerelles peuvent être opérées entre elles :

  • le transnationalisme part, comme le courant libéral, de l'individu, mais considère que les individus n'agissent sur la scène internationale qu'à travers l’État et que l'ensemble des acteurs de la scène internationale (étatiques et non étatiques) sont interdépendants ;
  • le marxisme et le structuralisme réfutent le stato-centrisme de la théorie réaliste au regard de l'asymétrie qui existe entre les différents États, qui débouche sur des relations d'interdépendance déséquilibrées. Dans le marxisme, les acteurs premiers de la scène internationale sont les classes sociales (bourgeois et prolétaires), et le moteur du courant est la lutte des classes ;
  • les approches post-positivistes prennent du recul pour questionner l'objectivité et la neutralité de l'étude des relations internationales par les théories existantes, en mettant en lumière l'importance du contexte social dans lequel ces approches sont nées. Elles remettent ainsi en cause les fondements-mêmes de la discipline. On peut citer pour exemple le post-colonialisme, qui attire l'attention sur l'absence de prise en compte du contexte colonial ; 
  • le constructivisme s'intéresse à l'étude de la construction de la réalité sociale. Selon ce courant, plus que les rapports de puissance, ce sont les perceptions qui guident le comportement des États : l’intérêt national d’un État se construit en fonction de son identité, de la représentation qu’il se fait de lui-même et des autres, et de sa perception de son environnement. 

Dans la même thématique